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CORONAVIRUS: LES 4 SCÉNARIOS ENVISAGÉS PAR L'EXÉCUTIF FACE À LA REPRISE DE L'ÉPIDÉMIE (août 2020)

 

Un soignant effectuant un test pour le coronavirus à Los Angeles (Etats-Unis), le 24 juillet 2020 (PHOTO D'ILLUSTRATION).

 

 

Alors que le virus recommence à circuler activement dans certaines zones comme en Mayenne, le gouvernement se projette dans d'éventuelles évolutions de la situation sanitaire.
 

Comment appréhender et anticiper l'évolution de la crise sanitaire liée au coronavirus? Pour répondre à l'impératif engendré par l'épidémie, l'exécutif a bâti sa stratégie autour de quatre scénarios. Ces derniers vont d'une maîtrise de la circulation du virus à un reconfinement généralisé. Ils s'appuient sur une série d'indicateurs et de protocoles.

Cette stratégie, élaborée à partir d'un avis du Conseil scientifique paru le 2 juin, se veut avant tout différenciée selon les territoires.

 
"L'idée est d'avoir une réaction la plus adaptée possible en fonction de la situation", souligne le ministère de la Santé, où l'on se prévaut de l'expérience acquise après la première vague du printemps.

· Surveiller les indicateurs

Quatre indicateurs principaux guident la réflexion des autorités et leur permettent de voir dans quel scénario chaque territoire se trouve.

Il y a d'abord le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de cas répertoriés dans la population d'une région, d'un département, d'une ville... Ensuite, le taux de reproduction (R0), c'est à dire le nombre de personnes que chaque malade contamine. Au-dessus de 1, la circulation du virus s'accélère.

Puis, le taux de positivité des tests, à savoir le nombre de tests positifs sur le total des tests effectués. Enfin, le pourcentage de patients hospitalisés en raison d'une infection au Covid-19.

D'autres données peuvent encore entrer en jeu, comme le nombre de tests réalisés, ou encore le nombre de cas chez les jeunes.

Une fois ces chiffres collectés, "chaque prise de décision est toujours précédée d'une analyse de risques et est menée avec les acteurs territoriaux". Le préfet et le directeur de l'Agence régionale de santé, sont systématiquement associés, explique le ministère de la Santé. En clair: "Aucune décision n'est prise sans concertation avec le terrain".

 
 

· 1er scénario: l'épidémie maîtrisée

En attendant que vaccins ou traitements soient disponibles, tout l'enjeu est de rester dans le scénario 1, dans lequel l'épidémie est sous contrôle, avec des indicateurs stabilisés, grâce au triptyque "tester - tracer - isoler" et des gestes barrières respectés.

C'est pour l'heure ce scénario qui prévaut bon an mal an sur la majeure partie du pays.

· 2e scénario: des mesures différenciées selon les territoires

Mais, certains territoires sont entrés dans le deuxième scénario avec "un ou des clusters critiques, signes d'une reprise locale de l'épidémie", selon la typologie du Conseil scientifique. Dans ce cas, il convient d'appliquer des "mesures localisées et précoces".

C'est le cas en Mayenne ou dans la Métropole de Lille où le port obligatoire du masque a été décidé dernièrement. Des reconfinements ciblés pourraient aussi être prononcés, à l'image de ce qu'il s'est déjà produit dans des pays voisins de la France.

· 3e scénario: la perte de contrôle

Avec un reconfinement généralisé de la population (scénario numéro 4), ce sont les deux scénarios que les autorités veulent à tout prix éviter et redoutent.

Dans le troisième scénario, l'épidémie reprendrait "à bas bruit". Les indicateurs se dégraderaient alors, sans que l'on parvienne à remonter les chaînes de contamination.

Les mesures seraient alors renforcées (tests, gestes barrières, isolements individuels, télétravail) jusqu'à l'échelle régionale, en fonction de plusieurs protocoles spécifiques "très détaillés et prêts à l'emploi" qui ont été élaborés pour les populations à risque (précaires, personnes âgées), les grandes métropoles, ou encore les hôpitaux.

· 4e scénario: un reconfinement généralisé de la population

Dans le scénario 4, "l'épidémie atteint un stade critique" car les efforts pour l'endiguer ont échoué. Il pourrait aboutir alors à un reconfinement général comme la France l'a connu du 17 mars au 11 mai, avec ses effets catastrophiques sur l'économie notamment.

Fin juillet, Jean Castex déclarait dans une interview à Nice-Matin qu'il fallait "éviter par dessus-tout" un reconfinement général de la population, jugeant que cette mesure serait "catastrophique", tant au niveau économique que social. Cette hypothèse, malgré ces propos, est bien sur la table.

Ce lundi en fin de matinée, le chef du gouvernement, en déplacement dans le Nord, a exhorté à "ne pas baisser la garde", afin d'"éviter un reconfinement généralisé".

· Vers un retour de l'état d'urgence sanitaire?

Durant la première vague de l'épidémie, des mesures exceptionnelles ont pu être prises, comme la limitation de certains déplacements, en instaurant un "état d'urgence sanitaire" qui a pris fin le 10 juillet, sauf en Guyane et à Mayotte.

Cependant, et jusqu'au 30 octobre 2020, le gouvernement peut par décret imposer certaines restrictions de circulation, d'ouvertures de commerces...

Grâce à l'article 50 d'un décret du 10 juillet, les préfets sont également habilités à prendre une série de mesures dans chaque département, comme le préfet du Nord pour la métropole lilloise.

S'il fallait toutefois revenir à un reconfinement strict, même localisé, le gouvernement devrait déclarer de nouveau l'état d'urgence sanitaire sur tout ou partie du pays. Cela peut se faire par simple décret en Conseil des ministres.



06/09/2020
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